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A*M*E – extrait

Aladyr Grave s’est rendu à Berlin afin d’acquérir un ouvrage ancien chez un bocanteur…

En pénétrant dans la boutique à la suite de Westerwelle, le conservateur ne put s’empêcher d’examiner d’un œil critique les objets exposés. Ils étaient tous « rangés » selon une logique qui devait être propre au brocanteur, et à lui seul. En un regard, on sautait d’une armoire en chêne massif à un porte-manteau sur lequel étaient suspendus de nombreux costumes d’époque qui penchait dangereusement vers une étagère emplie de bibelots. Des attrape-poussière en tout genre… De petites commodes étaient entreposées par-ci par-là, essayant tant bien que mal de se montrer sous des montagnes d’objets divers : loupes, livres et encyclopédies, parchemins, matériel de calligraphie, lampe à l’huile… Aucun prix n’était affiché. Ils devaient sans doute faire l’objet d’un registre. Ou alors, le brocanteur misait uniquement sur les négociations.
Au-delà de tous les articles entreposés dans la pièce qui paraissait plus petite qu’elle ne devait l’être à cause du désordre, on retrouvait le charme des poutres apparentes au plafond qui était orné de grands lustres de verre. Les murs étaient recouverts de lambris foncé contre lesquels quelques chandeliers avaient été grossièrement fixés.

Voyant que le regard de Westerwelle se posait à nouveau sur son client, Erwan s’approcha, également curieux de découvrir ce qui semblait avoir amené Alasdyr à Berlin :

« C’est un livre que vous recherchez, n’est-ce pas ? »

Le conservateur fut pris de court par la question et ne put dissimuler son étonnement :

« Vous êtes au courant ?

– Voyons Monsieur, avec un accent pareil, vous ne devez pas être de la région ! J’ose donc supposer que vous avez eu vent de ma réputation. Je suis le meilleur ! Un tel objet ne pouvait pas m’échapper ! »

Alasdyr Grave se détendit en repensant au professeur Freulich. Nul doute que celui-ci avait dû prévenir Westerwelle de sa venue prochaine. Il sourit en retour :

« Et vous avez entièrement raison. Je suis venu de Londres pour vous rencontrer. On vous a recommandé à moi, mais j’imagine que vous le savez déjà. Au vu de l’importance qu’a cet ouvrage pour notre institution, j’ai préféré venir vous trouver en personne. Et je m’excuse de ne vous avoir prévenu à l’avance. Vous comprendrez aisément que je ne tenais pas à attirer l’attention sur l’objet de ma visite.

–Vous êtes quelqu’un de prévoyant. Néanmoins, vous vous doutez certainement que je garde ce bien comme un trésor et que je ne le dévoilerai pas à n’importe qui. Je ne suis pas même sûr d’avoir l’intention de m’en séparer… »

A la mention du trésor, Erwan se pencha davantage vers Westerwelle, l’excitation à son comble, attendant qu’Alasdyr reprenne :

« Je peux l’imaginer. Pour l’avoir cherché des années durant, je vous avoue avoir anticipé le moment où je l’aurais à nouveau sous mes yeux. J’ignore si c’est du soulagement à l’idée de savoir cet ouvrage encore en circulation ou de l’inquiétude quant à son état. L’avez-vous restauré ?

– Mon boulot, c’est de conserver, pas de bricoler. Mais vous constaterez que tous les objets présents dans cette pièce sont en très bon état !

– Oui, bien entendu… Pardonnez ma question, je ne voulais pas vous froisser. Vous disiez ne pas être sûr de vouloir vous séparer de cet ouvrage. Dites-moi ce qui pourrait vous faire changer d’avis… »

Surpris par l’intérêt d’Alasdyr pour cet objet mystérieux, et souhaitant accélérer la tournure de la discussion pour que celle-ci finisse mal, Erwan chuchota à Westerwelle :

« Cet objet t’appartient ! Tu ne vas tout de même pas le lui céder ? »

Suivant les conseils de l’ange, le brocanteur répondit :

« A vrai dire, je ne suis pas sûr que mon avis puisse changer. D’autant plus que vous êtes un parfait inconnu. D’habitude, je ne cherche pas à savoir ce que mes clients vont faire des objets que je leur vends. Mais comme celui-ci est très différent des autres… »

Alasdyr réfléchit quelques instants avant de tendre sa carte au brocanteur :

« Je suis le conservateur de la bibliothèque des Transports de Londres. Vous voulez savoir ce que je compte faire de ce livre ? Je vais le ramener à la bibliothèque où il rejoindra notre fonds. Rien de plus, rien de moins. Il est hors de question que cet ouvrage finisse entre les mains d’un collectionneur mal avisé. »

Son sourire avait disparu, laissant place au sérieux qui le caractérisait lorsqu’il traitait une affaire délicate.

« Une bibliothèque des transports? Pourquoi cet ouvrage y trouverait sa place ? Je dois avouer que l’idée qu’il puisse passer si facilement entre les mains de visiteurs ne me plaît pas vraiment. Je le voyais mieux réservé à un usage privé plutôt que public ! »

Alasdyr fronça les sourcils, ne pouvant réfréner une note d’ennui :

« Cette œuvre a sa place légitime dans cette bibliothèque. Et pour votre information, sachez qu’il ne sera pas en libre accès. Nous ne sommes pas une bibliothèque de quartier. Bien au contraire. Mais si vous préférez avoir la garantie qu’il sera fait un usage privé de cet ouvrage, je me ferais un plaisir de l’acquérir en mon nom propre. »

Le sourire ironique qui s’afficha sur son visage en disait long sur le peu de considération qu’il portait à présent au brocanteur.

A.M.E.

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Un malentendu aux conséquences tragiques…
Lorsqu’Alasdyr Grave, conservateur de la bibliothèque des transports de Londres décide d’acquérir un original de Charles Dickens, il est loin de se douter qu’il va devoir composer avec un ange noir au tempérament bien trempé.
De Londres à Berlin, en passant par le royaume d’Anthéa, une femme aussi fascinante que dangereuse, Alasdyr doit compter sur l’aide surnaturelle de ses compagnons pour découvrir qui souhaite sa mort…

A.M.E. est disponible aux éditions Lune Ecarlate

Le roman en quelques questions :

Qui ?
Deux auteurs : Tiffany Schneuwly & Suzanne Vanweddingen. La rencontre se fit sur un forum littéraire. A l’origine, le “jeu” consistait à s’essayer au quatre mains littéraire le temps d’une nouvelle. Le courant est passé, le style était fluide et les idées au rendez-vous.

Quand ?
Dans le courant da l’année 2011. Quelques mois (et moultes rencontres virtuelles) auront été nécessaires.

Qu’en dit la coautrice ?
Elle en parle sur son site :
“A*M*E, c’est le résultat d’une rencontre. La rencontre entre deux auteures, deux pays, deux visions du monde, deux genres littéraires totalement différents. Est-ce que ce mélange saura vous convaincre? Je l’espère de tout coeur car, personnellement, je suis conquise !”

Qu’en dit l’autre auteur ?
Je rejoins Tiffany sur cet avis. Le pari n’était pas gagné d’avance, mais la passion d’écrire que nous partageons a été l’un des moteurs de cette association. Et puis, franchement, qui peut résister à Aladyr Grave ? Tiffany — tout comme moi –n’aurait pu se résoudre à ne pas connaître la conclusion d’« A*M*E » !

Peut-on lire un extrait ?
Soit sur le site de Tiffany Schneuwly, soit en suivant ce lien.